"Faire entendre quelque chose."
Voilà comment Jacques Lacan , cigare torsadé à la bouche et malice dans les yeux, a orienté toute son œuvre.
"Faire entendre" , parce que son enseignement a été essentiellement oral . Un enseignement qu'une génération d'intellectuels de tous horizons a tenté de suivre, Maurice Merleau-Ponty, Dali, Gilles Deleuze, Françoise Giroud, Benoît Jacquot, ou encore Louis Althusser qui l'invite à l'École Normale Supérieure.
Un enseignement oral donc, fait de silences, d'humour, de brusques haussements de voix, de surprises, de génie diront certains, mais aussi d'incompréhensions et de malentendus...
"Faire entendre" aussi que nous sommes d'abord des êtres parlants dont "l'inconscient est structuré comme un langage " , dira-t-il.
Et c'est le discours qui sous-tend notre parole que l'analyste se doit de faire entendre à son patient, le discours de son désir.
En mettant ainsi l'accent toute sa vie sur la fonction du langage et de la parole , c'est quelque chose de la vérité du sujet qu'il cherchait à faire entendre. Une vérité du sujet dont il a théorisé trois ordres : imaginaire , symbolique et réel. Un réel dont il dira que c'est précisément l'impossible à dire. Ce point où le langage s'épuise.
Jacques Lacan est mort le 9 septembre 1981. Il avait 80 ans, des problèmes neurologiques l'empêchaient alors de parler. Il s'en est allé vers ce réel donc, cet impossible à dire, comme si son corps, en l'amputant de la parole, en avait compris, lui, quelque chose.